Description du projet
Le Palais de Justice sis Britselei a été construit entre 1871 et 1879, selon les plans de l’architecte Lode Baeckelmans.
L’immeuble faisait partie de la série de monuments imposants érigés le long des grands boulevards anversois (« Leien ») et incarne le caractère prestigieux du pouvoir judiciaire du 19e siècle. Les salles d’audience et les intérieurs richement décorés en témoignent. Le 19 juin 1997, le bâtiment a été protégé en tant que monument classé.
Malgré les nombreuses transformations et adaptations au fil des années, le bâtiment s’est, après un certain temps, avéré trop exigu pour les services judiciaires d’Anvers, qui ont par conséquent dû déménager vers le nouveau Palais de Justice sis place Bolivar en 2006. L’avenir de l’ancien palais de justice, où ne se tenaient plus que des procès d’assises, était incertain.
À l’issue d’une longue recherche, la Régie des Bâtiments a décidé, en concertation avec le Service public fédéral (SPF) Justice, de réaffecter l’ancien palais de justice en tant que nouveau port d’attache pour la cour d’appel, le parquet général, la cour du travail, l’auditorat général et la cour d’assises d’Anvers.
Une étude et un projet ont été réalisés en vue, d’une part, de restaurer le bâtiment en respectant sa valeur patrimoniale et, d’autre part, de l’adapter aux besoins actuels du SPF Justice.
La remise à l’honneur du concept original de l’architecte Baeckelmans constituait la base du projet. Les diverses transformations effectuées au cours du siècle dernier avaient altéré la structure très claire du palais de justice. En outre, elles bloquaient toujours plus l’entrée de la lumière naturelle au sein du bâtiment. Lors du projet de restauration, le rétablissement de la lumière du jour était dès lors à l’avant-plan, tout comme le confort d’utilisation, la durabilité et la sécurité.
Les travaux en eux-mêmes ont débuté en novembre 2019 et se sont achevés début 2023.
Une intervention importante a été, par exemple, l’enlèvement de la coupole ajoutée au-dessus de la cour intérieure historique dans les années 1930, de sorte que cette dernière redevienne un espace extérieur de qualité. Grâce à cette intervention, la lumière du jour peut désormais de nouveau pénétrer dans l’impressionnante Salle des Pas Perdus (hall d’entrée) et atteindre les étages inférieurs du palais de justice.
Les salles d’audience historiques ont été restaurées. La célèbre cour d’assises a reçu une nouvelle affectation en tant que salle d’audience polyvalente et solennelle. Un mobilier contemporain renforçant l’ambiance authentique de l’espace a été conçu. Les peintures sur toile sur les murs ont été soigneusement nettoyées et retouchées.
Le bâtiment a également bénéficié d’un certain nombre d’ajouts du 21e siècle afin de répondre aux exigences de confort d’utilisation, de sécurité et de durabilité, dans le souci du respect de l’aspect authentique du bâtiment. Il s’agit, entre autres, de l’ajout d’une nouvelle salle d’audience dans la cour intérieure à côté de la salle d’assises et de la création d’un escalier monumental supplémentaire. En outre, le dernier étage a été agrandi et réaménagé en d’agréables espaces de bureau. Des espaces communs tels qu’un centre de réunion, une bibliothèque et un réfectoire ont été implantés au centre.
Le projet de restauration a également été l’occasion de moderniser le palais de justice sur le plan énergétique. Les toitures ont été isolées et la menuiserie extérieure a été remplacée par une menuiserie performante, dans le respect de l’aspect historique. En outre, des techniques durables ont été intégrées dans le bâtiment. Enfin, plusieurs toits plats ont été végétalisés (2 000 m² au total).
Qualité tehnique
Sur base d’une étude historique de la construction et en concertation avec l’agence Onroerend Erfgoed, il a été déterminé avec précision quelles parties du bâtiment et quels matériaux devaient être restaurés ou remplacés selon le modèle historique, ou recréés entièrement.
Le concept original de l’architecte Baeckelmans a été remis à l’honneur au moyen, entre autres, du démantèlement de parties de bâtiment ajoutées au fil des années. Ainsi, par exemple, la coupole surplombant la cour intérieure historique a été supprimée, permettant à nouveau à la lumière naturelle de pénétrer dans la Salle des Pas Perdus, située à côté.
Après le retrait des volumes ajoutés ultérieurement, les façades ont été restaurées à l’aide de techniques traditionnelles de restauration. Des briques présentes ou des briques de récupération de même forme et de même couleur ont été utilisées dans la mesure du possible pour restaurer localement la maçonnerie. Dans la cour intérieure accessible au public, des joints en saillie ont à nouveau été posés par des artisans. Les joints ont ainsi été retaillés de tous les côtés pour obtenir un effet plus sobre. Ce type de jointoiement est également présent dans les façades extérieures.
Les espaces dont la structure et les éléments intérieurs d’origine étaient encore présents ont été restaurés méticuleusement par des professionnels spécialisés. Ainsi, les portes et boiseries en chêne ont été comblées et retraitées, et les peintures ont été nettoyées et retouchées si nécessaire. Dans les bureaux historiques du juge et des plaidoiries, des techniques modernes ont été intégrées.
Les intérieurs étaient, initialement, très colorés. C’est ce qu’a révélé une étude des fresques murales, menée en concertation avec l’université d’Anvers. Avec les années, ces couches de finition avaient en grande partie disparu, soit parce qu’elles avaient été recouvertes de peinture, soit parce qu’elles avaient été abîmées par des adaptations structurelles. Au cours de la restauration, plusieurs fresques murales historiques s’avérant encore en excellent état ont été découvertes par hasard. Ces motifs de couleurs d’origine ont été soigneusement restaurés et rendus apparents par des professionnels spécialisés, comme des témoignages du concept original coloré.
À différents endroits, des traces d’imitations de bois, de chêne et de pierre bleue ont été trouvées sous d’épaisses couches de peinture ou de papier peint. Ces imitations ont été conservées, retouchées ou reconstituées localement autant que possible.
Pour les espaces dont les éléments intérieurs d’origine avaient pratiquement entièrement disparu, un intérieur moderne a été conçu en se basant sur des matériaux et des détails évoquant la situation historique. Les proportions et le rythme des espaces ont été rétablis.
Des ajouts modernes ont donc été intégrés afin de permettre de rétablir la situation initiale. Le comptoir en acier de la Salle des Pas Perdus, par exemple, a été posé sur un support amortissant protégeant le sol en pierre naturelle existant, ce qui permettra plus tard de rendre le sol à nouveau entièrement apparent.
Les portes intérieures et les finitions démontées ont été récupérées dans la mesure du possible. Le mobilier inutilisé a reçu une deuxième vie à un autre endroit dans le bâtiment.
Pour l’intégration des techniques, dont les conduits de ventilation constituaient le principal défi, il a été tenu compte de la hiérarchie spatiale historique dans le bâtiment. Le rez-de-chaussée fonctionnel et les axes de circulation centraux font office de répartiteurs principaux, tandis que tous les locaux plus petits sont atteints via des tracés plus petits. De ce fait, l’impact des installations techniques est resté limité dans les intérieurs historiques.
Qualité architecturale
Le palais de justice est prêt pour une nouvelle ère et est la preuve que l’ancien et le nouveau peuvent aller de pair.
D’une part, ce joyaux a été soigneusement réhabilité et peut désormais être qualifié d’un des landmarks de la ville d’Anvers. La structure originale du bâtiment a été rétablie, les matériaux authentiques ont été conservés et restaurés autant que possible, et de nouvelles interventions ou de nouveaux matériaux ont été soigneusement intégrés dans le respect de l’aspect d’origine du bâtiment.
D’autre part, le bâtiment répond à présent à toutes les exigences d’une justice moderne. L’efficacité énergétique est ainsi prise en compte grâce à l’intégration de nouvelles techniques, l’aménagement de toitures végétales, l’isolation des toitures, etc. En concertation avec l’agence Onroerend Erfgoed, il a été décidé de conserver le simple vitrage des menuiseries historiques dans les espaces de circulation. Dans les locaux où les exigences de confort sont plus élevées, les menuiseries ont été remplacées par des modèles performants en accord avec le modèle historique.
Une grande attention est également accordée à la sécurité, en prévoyant entre autres des voies de circulation séparées et sécurisées pour les visiteurs, les magistrats, le personnel et la police.
Les services judiciaires disposent à présent de bureaux et de salles d’audience équipés de techniques et d’équipements modernes. En outre, l’acoustique des salles d’audience a été considérablement améliorée par l’utilisation de tapis acoustiques et de plafonds de plâtre absorbants.
Le projet de rénovation et de restauration a représenté un défi énorme, car la fonction d’un palais de justice pose à l’heure actuelle toute une série d’exigences supplémentaires. Par ailleurs, un agrandissement du programme des besoins était également indispensable, ce qui a nécessité une surface supplémentaire. Le projet visait à intégrer ces exigences supplémentaires dans le respect du bâtiment. L’agrandissement du programme a, par exemple, été réalisé sur l’étage le plus élevé, tout comme le bâtiment a été agrandi dans le passé par l’ajout d’étages sur les ailes.
Caractère public et social du projet
Le projet de restauration n’était pas seulement placé sous le signe d’un meilleur confort d’utilisation pour les personnes qui y travaillent, mais également pour les citoyens. Ainsi, dans la Salle des Pas Perdus, un point d’accueil central et clair, orientant également le citoyen pour une aide de première ligne, a été aménagé. Il y a des salles d’attente séparées pour les victimes et les prévenus, et un local pour l’aide aux victimes. Des applications modernes, par exemple pour la tenue d’audiences vidéo, ont également été rendues possibles techniquement.
Enfin, le palais de justice est bien sûr aussi accessible aux personnes à mobilité réduite (PMR).