Restauration de la façade avant du Palais de Justice de Bruxelles

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La Régie des Bâtiments a entamé la restauration de la façade avant du Palais de Justice de Bruxelles sur la place Poelart en août 2023, en collaboration avec le bureau d’études PERSPECTIV architecten et l’entrepreneur Artes Woudenberg – Artes Roegiers.

Il s’agit de la première phase du projet visant à restaurer l’ensemble des façades de ce bâtiment iconique.

Les façades du Palais de Justice, qui a été érigé entre 1866 et 1883, ont en effet été altérées par l’usure du temps et des dégâts d’humidité dus à des infiltrations, faisant de cette restauration une nécessité absolue.

La restauration de la façade avant (22 750 m², soit l’équivalent de presque 5 terrains de football) est un processus demandant énormément de travail. Les pierres naturelles et les éléments décoratifs sont nettoyés, contrôlés un par un et, si nécessaire, réparés. L’objectif est de conserver autant que possible les matériaux existants. Seule une partie très limitée des pierres est remplacée totalement.

Afin de conserver l’aspect d’origine du Palais de Justice – qui est classé depuis 2001 – des pierres taillées sur mesure provenant des carrières d’origine, comme les carrières de Comblanchien dans la région française de Bourgogne et les carrières de pierre bleue à Soignies, sont utilisées.

Les blocs de pierre sont sélectionnés dans les carrières en fonction de leur qualité et sont ensuite taillés sur mesure dans des ateliers de taille de pierre en Belgique. Le travail dans les ateliers de taille de pierre est réalisé en partie manuellement, mais, dans la mesure du possible, des robots sont également utilisés pour fraiser les pierres. Cette numérisation permet d’optimiser le processus de restauration.

Dans le but d’éviter de futures infiltrations d’eau après la restauration, le jointoiement sera également en grande partie refait.

La menuiserie extérieure en bois de la façade avant sera restaurée et les fenêtres seront pourvues d’un nouveau vitrage dans certains espaces. Il s’agira soit d’un vitrage de sécurité ou anti-effraction (pour les espaces hautement sécurisés), soit d’un vitrage isolant (pour les locaux chauffés).  

Les murs et les plafonds dans le péristyle (colonnade couverte) seront réparés et les couches de finition seront restaurées, de sorte que l’ensemble retrouve sa teinte d’origine. Les couvertures de toiture en zinc et en ardoises du péristyle seront également restaurées.

À la fin de la première phase de restauration, la cour d’honneur (parvis) sera aussi réaménagée et ceinte d’une grille conforme au modèle historique.

La première phase de la restauration des façades sera achevée, en fonction des conditions météorologiques, fin 2025 ou début 2026 et coûtera 31,7 millions d’euros.

Dans la deuxième phase, à partir de 2026, les façades du socle sous la coupole du Palais de Justice seront restaurées. Dans la troisième phase, ce sera au tour des façades du côté de la rue de Wynants et de la rue aux Laines, et dans la dernière phase, de la façade du côté de la rue des Minimes. Lors des deux dernières phases, les façades de huit cours intérieures du Palais de Justice seront également restaurées.

Pendant les travaux, le Palais de Justice restera en service, ce qui représente un défi supplémentaire d’un point de vue logistique et pratique !

Grâce à cette restauration de grande envergure, le plus grand bâtiment historique de Belgique se libèrera progressivement de ses échaudages, prêt à briller de nouveau dans toute sa gloire !

Critère 1: Qualité technique (4 points)

La restauration de la façade a été précédée d’études approfondies sur l’histoire du bâtiment, l’utilisation des matériaux, l’état actuel de la façade, etc.

Il a été fait appel à de nombreux experts différents pour, entre autres, les études suivantes :

  • étude de l’historique de la construction par des historiens de la construction,
  • étude de stabilité par des ingénieurs en stabilité, y compris des essais de pression en laboratoire,
  • analyse de pierres par un géologue,
  • étude stratigraphique par la restauratrice de pierres,
  • analyses en laboratoire de stalactite, huile de lin, composition de mortier, pierre simili, etc.,
  •  

Lors de la restauration de la façade, les pierres existantes seront conservées autant que possible et, si nécessaire, réparées. Des ancrages seront repérés grâce à des détecteurs de métaux et les fissures internes à l’aide de mesures acoustiques, une méthode non invasive qui permet de laisser les pierres autant que possible à leur place d’origine. Seule une partie très limitée des pierres sera remplacée totalement. Les deux pierres les plus fréquemment utilisées pour la façade, Comblanchien et la pierre bleue, proviennent des carrières d’origine. Elles sont soigneusement sélectionnées en fonction de leur qualité et sont traitées sur mesure par des tailleurs de pierre. Afin d’améliorer l’efficacité de ce processus, des robots sont, dans la mesure du possible, également utilisés pour fraiser les pierres, mais une finition manuelle est ensuite toujours nécessaire.

Les nombreuses sculptures de la façade font du travail des tailleurs de pierre un véritable défi, nécessitant beaucoup de savoir-faire et de patience.

Certaines pierres de parement ont également dû être stabilisées, comme le fronton des parties gauche et droite de la façade. Deux pierres d’angle, pesant chacune pas moins de quatre tonnes, ont également été remplacées à une hauteur de 28 mètres.  Des étançonnements ont également été placés en porte-à-faux au niveau des façades de la Cour d’assises et de la Cour de cassation, le poids propre du bâtiment servant de contrepoids.

Pour la restauration du péristyle, les surfaces en simili (enduit qui imite la pierre naturelle) seront finies à la main avec la technique de l’éponge afin de leur redonner leur aspect d’origine.

Pour la restauration de la menuiserie extérieure en bois, le matériau d’origine sera également conservé dans la mesure du possible. Le vitrage sera renouvelé dans certains espaces et il sera tenu compte autant que possible des normes d’isolation et de sécurité actuelles.

La surface énorme de la façade avant et sa complexité font de ce projet de restauration une véritable tâche titanesque, avec 70 à 80 personnes travaillant sur le chantier chaque jour.

Nouvelles technologies et savoir-faire vont de pair dans ce projet. Pour la restauration des façade, la méthode BIM (Building Information Modeling) est utilisée de la phase d’esquisse jusqu’à la réception, ce qui est exceptionnel pour un projet de restauration.

Dans ce cadre, une multitude de scans est réalisée de l’intégralité de la façade avant du Palais de Justice, sur la base desquels des plans numériques en 3D sont réalisés.

Grâce à l’utilisation du BIM, l’équipe de chantier dispose d’un aperçu détaillé et visuel des pierres de la façade à conserver, remplacer ou réparer. Cette méthode permet, de façon très précise, de suivre le métré et de mesurer les quantités de pierre.

Les robots servant à fraiser les pierres sont également commandés depuis les modélisations BIM.

Le 5 décembre 2024, le projet de restauration des façades du Palais de Justice de Bruxelles a remporté le premier prix dans la catégorie « BIM » aux Belgian Construction Awards.

Critère 2: Qualité architecturale (3 points)

Le Palais de Justice caractérise littéralement le paysage urbain de notre capitale et est l’un des monuments les plus remarquables de l’Europe du 19e siècle. Le bâtiment se distingue par sa taille imposante qui devait évoquer l’absolue suprématie du pouvoir judiciaire sur l’individu. Lors de son inauguration en 1883, le Palais de Justice était le bâtiment le plus imposant d’Europe, plus grand encore que la Basilique Saint-Pierre au Vatican ! Le bâtiment est un chef-d’œuvre architectural et est très ingénieux sur le plan technico-architectural.  Par exemple, la pierre a été associée au fer pour la structure portante et les grandes portées, ce qui était exceptionnel à l’époque.  

Pour l’image de notre capitale (et, par extension, de notre pays) et du pouvoir judiciaire, il est crucial que le Palais de Justice se libère finalement petit à petit de ses échafaudages. La première phase de la restauration des façades est une première étape concrète pour que ce bâtiment retrouve son éclat d’antan ! En raison du nettoyage de la pierre naturelle, la palette de couleurs originales, plus particulièrement la dynamique bleue et blanche de la conception des façades de Poelaerts, est à nouveau visible. Les premiers résultats laissent déjà présager une transformation impressionnante de ce bâtiment emblématique de Bruxelles.

Pour ce projet de restauration, une grande attention est également accordée à l’espace extérieur du Palais de Justice. Ainsi, dans la première phase, la cour d’honneur (parvis) sera également réaménagée, où entre autres le revêtement sera réparé et une nouvelle grille sera également placée, qui respectera autant que possible l’aspect de la grille qui s’y trouvait à l’origine. Ainsi, l’accès au Palais de Justice retrouvera sa splendeur d’antan. Ce réaménagement contribue également bien entendu à l’image de la fameuse place Poelaert. 

Dans les phases suivantes de la restauration des façades, les espaces extérieurs adjacents aux façades seront également réaménagés. Par exemple, les rampes du côté de la rue des Minimes resteront interdites à la circulation et seront réaménagées en vue d’une mobilité douce. Ainsi, la beauté patrimoniale du Palais de Justice sera encore mieux mise en valeur et une connexion importante entre le haut et le bas de la ville sera rétablie.

Critère 3: Caractère public et social du projet (3 points)

Le Palais de Justice est peut-être l’élément patrimonial le plus visible de Bruxelles, et, par extension, de notre pays. La remise à l’honneur du bâtiment aura, visuellement, un énorme impact positif sur le paysage urbain.

Grâce à la restauration de la façade avant et de la cour d’honneur (parvis) adjacente, la splendeur initiale de l’accès principal au Palais de Justice sera remise à l’honneur. Les nombreux visiteurs du Palais de Justice pourront à nouveau utiliser un accès clair et sûr au bâtiment. Un accès séparé sera également aménagé pour les personnes à mobilité réduite. La cour d’honneur sera fermée par une grille conforme au modèle historique, ce qui améliorera la sécurité du bâtiment.

Pendant les travaux à proprement parler, les expériences et les connaissances acquises seront régulièrement partagées. Par exemple, des groupes d’étudiants ou des organisations syndicales du bâtiment seront systématiquement invités sur le chantier. 

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